21 Octobre 2024
Merci à Lucile pour son idée d'article
Les apports théoriques :
Attention : MINUTE INTELLO !!!
Vous avez déjà sûrement pris connaissance des documents suivants, mais dans le doute, voici quelques liens :
"Eduscol "cycle-1-vocabulaire""(page Eduscol avec différentes ressources avec des propositions de séquences dans différents domaines);
"Enseigner le vocabulaire au Cycle 1 : enjeux et démarche" Eduscol
"Le vocabulaire et son enseignement", Philippe Boisseau Inspecteur honoraire de l’Éducation nationale (2011)
""Guide pour enseigner le vocabulaire à l'école maternelle" de Micheline Cellier" et les ressources ;
""Pour enseigner le vocabulaire à l'école maternelle" Guide fondé sur l'état de la recherche" (le guide de référence disponible sur Eduscol) :
Ê Voici quelques morceaux choisis (citations) de ce guide :
" Une simple exposition se révèle toutefois nettement insuffisante pour s’approprier un vocabulaire assez riche. L’enrichissement lexical implique un enseignement explicite et dirigé de cet apprentissage avec des séquences spécifiques, des activités régulières de classification, de mémorisation de mots, de réutilisation de vocabulaire et d’interprétation de termes inconnus à partir de leur contexte ou de leur morphologie."
"Le langage est un système extrêmement puissant qui repose sur la capacité des humains à moduler des sons et à les combiner dans des séquences pour transmettre un sens."
"Il est donc nécessaire de toujours se placer un peu au-delà de la production de l’enfant et de se trouver, pour ainsi dire, « sur la marche supérieure » afin de mener l’enfant vers ce niveau. Plus un enfant maîtrise un riche vocabulaire, plus facilement il acquiert de nouveaux mots et plus rapidement il comprend des phrases complexes."
"Il est important de ménager du temps en petits groupes, voire en tête-à-tête, pour leur proposer des activités avec un niveau de langage qui leur permette de faire décoller leur système d’apprentissage du langage, jusqu’à ce qu’ils puissent rattraper leurs pairs dans les activités"
"l’enseignant doit adopter une posture d'écoute active dans l’échange pour conduire l’élève à dire ce qu’il veut dire. Il faut donc lui laisser le temps, ne pas le couper, ni terminer son propos à sa place, sans quoi, très vite, le très jeune élève s’adapte et se contente d’évoquer au lieu de dire, ou de dire ce qu’il croit que l’enseignant attend"
"C’est pourquoi il est nécessaire que le professeur mette en œuvre un « parler professionnel » qui permet la découverte et l’appropriation du lexique et de la syntaxe :
— une parole modulée au débit ralenti avec une articulation marquée ;
— des phrases courtes énoncées sans interruption en détachant les constituants grammaticaux pour favoriser la prise de repères syntaxiques ;
— des modes de questionnement ouverts qui induisent des réponses avec des phrases plus complexes ;
— un réseau de reprises et de reformulations proches du langage de l’élève, pour enrichir, préciser, mettre en relief le lexique ou certaines tournures, fixer des références par la remémorisation"
"Un enseignement explicite
Le caractère explicite de l’enseignement est la condition essentielle de sa réception par l’élève. Par la précision et la tenue de son langage, le professeur montre l’importance du soin qu’il doit accorder à la langue. L’acquisition du vocabulaire se fait en classe :
— dans des situations où les mots et leur sens sont associés à des actions ritualisées pendant lesquelles ils sont employés, répétés, remis régulièrement en mémoire par le professeur et les pairs ;
— lors de rencontres incidentes, au fil d’une activité, d’une lecture.
Ces rencontres permettent l’acquisition du vocabulaire, à condition que l’attention soit bien focalisée sur ces mots nouveaux et qu’ils soient sollicités lors de séances où le vocabulaire est décontextualisé."
"Il est essentiel que des outils mentaux lui soient donnés pour qu’il prenne conscience de ses connaissances, de la façon dont il les a acquises et de sa manière de les utiliser (métacognition)."
"La nature du retour (bilan) réalisé et les questions posées à l’élève auront un impact spécifique sur l’apprentissage en jeu, et par conséquent également sur l’usage du vocabulaire visé."
"Mémoriser les mots, c’est pouvoir les réemployer et transférer à d’autres situations et contextes ce que l’on a déjà appris de certains mots et de leurs usages. Faire mémoriser les mots appris ne se limite pas à archiver leur trace sur des supports divers (cahiers, imagiers de la classe, affiches murales illustrées, boîtes à mots, guirlandes d’illustrations représentant des mots). La mémorisation du vocabulaire est facilitée par des moyens mnémotechniques multiples qui vont activer le rappel du mot dans toutes ses dimensions : sa forme sonore, son champ sémantique, ses représentations variées. Pour faciliter le rappel, le professeur évoque les contextes d’utilisation expérimentés en classe et les propriétés perceptives, fonctionnelles et catégorielles du mot. Cette mise en résonance, associée à l’utilisation des traces, réactive les mots."
"Le vocabulaire dont dispose un élève est beaucoup plus riche en réception qu’en production. Les mots qu’il a déjà rencontrés sont présents, mais il a parfois des difficultés à les mobiliser. La récupération a pour fonction de retrouver dans la mémoire à long terme une information parmi toutes celles qui s’y trouvent. L’oubli d’un mot ne trahit pas toujours une absence de stockage de l’information mais plutôt un manque d’indices qui pourraient favoriser la récupération de l’information en mémoire. La récupération de l’information est facilitée par le recours à une image, un dessin ou grâce à l’évocation de la situation vécue dans laquelle le mot a été utilisé. Le professeur conçoit des outils – images et indices variés – pour le rappel de mots rencontrés antérieurement."
"La résolution de problèmes morphologiques s’articule autour du morphème, unité linguistique de sens minimal qui contient, en dépit de sa petite taille, des parties de sens. L’explicitation des stratégies pour comprendre selon le contexte et la résolution des problèmes morphologiques, peuvent s’avérer efficaces, par exemple si l’on attire l’attention des élèves sur les mots dérivés (terre, terreau, terrain, déterrer)."p30
"La démarche pédagogique est pensée dans le respect d’une nécessaire progressivité, des différences interindividuelles et dans la prise en compte, à la fois, des trois dimensions du mot (la forme, le contenu et l’usage), des trois étapes de la mémorisation (l’encodage, le stockage et la récupération), des quatre piliers de l’apprentissage (l’attention, l’engagement actif, le retour d’information, la consolidation), et des quatre modalités d’apprentissage à la maternelle (en jouant, en résolvant des problèmes, en s’entrainant, en mémorisant et en se remémorant)."
"Pour réactiver la mémoire, le professeur emploiera intentionnellement ces mots et les fera employer à l’occasion de la vie de la classe. [...] Régulièrement, le professeur réactive les connaissances lexicales en proposant des activités en petits groupes, appelées par exemple le Quart d’heure des mots, conçues pour réactiver le vocabulaire acquis antérieurement." p.42
D'autre part, il faut veiller à ne pas utiliser uniquement des noms, mais aussi des verbes, des adjectifs, des adverbes, des expressions, des structures de phrases modélisantes, ...
L'ouvrage de Philippe Boisseau "Enseigner la langue orale en maternelle" contient des listes de vocabulaire regroupées par thèmes et fréquence de mots dans la langue sur lesquels s'appuyer pour choisir quel mot apprendre en priorité pour étendre son vocabulaire : "VOCABULAIRE DE 1750 MOTS" d'après Philippe Boisseau (sur le site de l'académie de Nancy) et "Une liste indicative de mots à enseigner à l’école maternelle par l’académie de Paris" (VADEMECUM Enseigner en grande section dédoublée, p.32).
Dans cet ouvrage, il y a aussi des grilles d'évaluation du langage très pratique. En voici un exemple :
ou
"Apprentissage du langage oral à la maternelle pour une pédagogie de l'écoute" de Pierre Peroz ou les notes disponibles sur le site de l'Académie de Poitiers "Les travaux de Pierre Peroz : la pédagogie de l'oral".
S'adapter à son "public" :
Pour les élèves non francophones et ceux qui ont du mal à entrer dans le langage oral, valoriser la langue maternelle est essentiel. Il est nécessaire, en plus de la bienveillance et des encouragements, de passer plus de temps à les solliciter pour réinvestir le vocabulaire du quotidien et d'accompagner la passage de consignes de gestes, des cartes de vocabulaire ; mais aussi de mettre en place des gestes simples qui vont leur permettre de faire des demandes non-verbales pour entrer dans la communication et ne plus être passif. La LSF (Langue des Signes Française) ou avec l'accompagnement de l'orthophoniste pour ceux qui en ont besoin du macathon (La formation à cette méthode est payante mais l'orthophoniste peut vous guider pour accompagner les progrès de l'élève) ou une autre méthode. LE familiarisation avec d'autres langues étrangères est aussi très bénéfique.
Mon organisation matérielle et mes pratiques :
Ce ne sont que quelques idées, rien d'exhaustif parmi ce que j'ai mis en place :
Dans mon école, pour apprendre, comprendre et aider à la mémorisation du vocabulaire, nous créons des cartes de vocabulaire selon le format décidé ensemble (page A4 divisée en 4, avec l'image et le mot en lettres capitales sans l'article). C'est ce format que je vais décliner dans différents supports. Je les leur montre pour réactiver la mémoire quand un mot ne revient plus à l'esprit.
Je les utilise aussi pour les consignes et pour expliciter les activités des réflexions qui sont invisibles telles que mémoriser, chercher, réfléchir, calculer, ... (cf. plus bas).
h Sous l'article, vous trouverez des liens pour accéder à différents thèmes et leurs cartes de vocabulaire ou autre informations.
Ensuite, je capture l'image de chaque carte de vocabulaire et je réalise un diaporama avec dans BookCreator (application sur ipad). J'ai cette application sur l'ipad de ma classe. BookCreator permet d'enregistrer les voix et d'exporter le dossier sous un format vidéo (avec le son) ou diaporama en pdf (sans le son). Ces vidéos, je les transmets aux parents et aux enfants afin qu'ils puissent les visionner à la maison. C'est très utile pour les familles non-francophone par exemple.
Ces cartes de vocabulaire restent accessibles facilement dans la classe, dans le coin langage (oral et écrit) :
- soit accrochées sur les panneaux d'affichage mobiles (grand support carton ou autre) attachées avec de la pâte à fixe (mais pourquoi pas des pastilles scratch ou des aimants)
- soit dans des boites transparentes (j'ai dû manger beaucoup de Ferrero Rocher boîte de taille moyenne ;p ... )
- soit retravaillées et assemblées suite à un travail de catégorisation (fleur, mur de mots, ... cf. ci-dessous)
- soit dans le cahier outils (Cf. ci-dessous).
Ces cartes figurent aussi dans le cahier de vocabulaire de chaque élève, cahier que j'appelle le "Cahier outil" (voir : "Le cahier outil et nos premières productions d'écrits GS- P.1-2021"). Ce cahier suit les élèves de la TPS à la GS. C'est un outil d'école en format A5, 96pages. J'y rassemble les mots de vocabulaire par thème et/ou catégorisés, les titres d'album travaillés en classe, des structures de phrase travaillées. Il n'est pas exhaustif. Les élèves adorent le feuilleter et nommer les mots ainsi qu'évoquer les souvenirs qui s'y rattachent. Je l'utilise comme support de jeux (trouver le mot "x", loto, ...), comme répertoire pour écrire ou compléter des phrases, support pour copier des mots, pour dicter des mots à un camarade, produire des écrits autonomes, ...
Cf. "Projets NARRAMUS : Titres des albums travaillés selon cette méthode"
Comme dans les modules de la méthode Narramus, nous découvrons les mots de vocabulaire nécessaires autour d'un thème, d'une histoire, d'une expérience particulière, ... par groupe de 8 environ (empan de mémoire verbale), puis nous les revoyons avant d'en découvrir 8 autres, et ainsi de suite... Mais il est aussi nécessaire, de créer des situations dans lesquelles ce vocabulaire aura besoin d'être réinvesti comme des rappels d'expérience, des situations réelles (plantations, scénettes théâtrales, jeux divers, ...). Avec régularité, les mots et structures de phrases doivent être réinvestis au moins 10 fois en production pour s'installer dans la mémoire.
Mes pratiques
On découvre les mots de vocabulaire comme le propose la méthode Narramus à l'aide d'un diaporama progressif à projeter (pas besoin du son). Nous découvrons ou redécouvrons 5 à 8 mots (nom, adv, verbe, ...) à la fois (empan de mémoire verbale), et nous les réactivons à chaque fois avant de découvrir la suite afin d'en faciliter la mémorisation, par la répétition.
Le but ensuite est d'utiliser ces mots le plus souvent possible en situation (récit d'histoire, évoquer des situations vécues d'après des photos, rejouer des situations), au travers de jeux comme le loto, le Memory ("Aider à mémoriser le vocabulaire des consignes de classe, P.1-2, 2022") et d'autres, de réaliser de nouvelles lectures sur le même thème, mais aussi en catégorisant les mots ("Catégoriser pour mieux comprendre, GS", ""La sieste de Moussa" avec la méthode Narramus, 2024"), en créant des murs du mots, et en les réinvestissant dans une autre situation, en les faisant évoluer. On peut aussi faire jouer ses élèves par deux (ou plus) à formuler et jouer une situation.
Je joue aussi sur les familles de mots en aidant à repérer le même radical, à l'oral, pour favoriser cette recherche auprès des élèves quand nous rencontrons des mots nouveaux. Il est aussi important d'apporter des contraires, des synonymes, des homonymes, ... dès que la situation s'y prête ("La boîte à trésors des contraires (adj), vocabulaire n°3, MS")
Il est aussi nécessaire d'accompagner le langage explicite. Dans la classe, j'utilise les étiquettes-mots pour imager la réflexion.
On cherche ensemble dans notre mémoire, mais aussi dans les différentes ressources (cahier outil, affichages, boites des mots,...). Il y en a presque toujours un qui trouve. J'incite les élèves à faire des liens pour utiliser des mots déjà vu dans d'autres projets (on trace un autre chemin dans sa tête pour retrouver les mots ou on réactive l'ancien), aller chercher sur les affichages les mots correspondants, soit sur les planches supports, soit dans les boîtes à mots rangées par thème, ou encore dans le cahier outils.
J'utilise aussi les mots pour réaliser des productions d'écrits (phrase ou petit texte à plusieurs) en s'inspirant des travaux d'André Ouzoulias (Cf. "Produire des phrases avec le vocabulaire de la classe - 2022" + "Nos productions d'écrits et hypothèses de décodage, GS- P.2-2021" + "Ecrire des messages avec ses élèves, P.1- 2023") Cela permettant de réutiliser ces mots et de réactiver la mémoire en formant des phrases.
J'essaie de créer aussi des situations favorisant leur réactivation ou des rituels comme : "Réactiver la mémorisation : le bonhomme pain d'épice de Nana" , "La boîte à trésors des contraires (adj), vocabulaire n°3, MS" , "La boîte à trésors : mémoire, vocabulaire et collection d'objets", "La boîte à trésors des actions (verbes), mémoire et vocabulaire n°2, MS". Il faut régulièrement, tout au long de l'année, penser et permettre cette réactivation.
Evaluation
J'ai construit des grilles d'évaluations en fonction des situations afin d'évaluer les progrès des élèves, le réinvestissement du vocabulaire et des structures de phrases. Vous en trouverez dans le regroupement d'articles "Projets NARRAMUS : Titres des albums travaillés selon cette méthode" :
Cela permet aussi de savoir si notre travail est efficace ou s'il faut l'adapter.
Vous pouvez aussi utiliser les grilles d'évaluation de langage de Philippe Boisseau :
Je te mets ces versions en pièce jointe. Il y a une version à l'horizontale pour les PS/MS et une pour les GS ; une version à la verticale pour les PS/MS et une pour les GS.
Quand je leur fais raconter une histoire ou un événement et que je veux évaluer le langage, soit je note tout ce qu'ils disent, soit je les enregistre. Ensuite, je réécoute ou relie plus tard et je remplis cette grille d'évaluation ®
Cela me permet de régulièrement faire le point sur les progrès langagiers.
Je sais, cet article est très dense. Il faudra peut-être le lire en plusieurs fois. J'espère que je n'ai pas enfoncé des portes ouvertes et que vous y trouverez des ressources utiles.
A bientôt I
Lien vers des articles sur le VOCABULAIRE par thème avec des ressources :
L'école :
-"Une chasse au trésor des lieux de l'école, P.1 - 2023" + "Apprendre le vocabulaire des lieux de l'école et autres - 2024 " + "Ecrire des messages avec ses élèves, P.1- 2023"
-"Aider à mémoriser le vocabulaire du matériel de la classe, P.1, 2022" + "Aider à mémoriser le vocabulaire des consignes de classe, P.1-2, 2022" +
Les émotions :
-"Enrichir le vocabulaire des émotions" + "Enrichir le vocabulaire des émotions au travers d'œuvres et de personnages, suite"
La découverte du monde :
-"Projet jardinage et plantations P.4 - 2024"
-"Comment introduire le compostage avec nos élèves -2023"
-"Que mangent les escargots ? et vocabulaire - 2022"
-"Animation buccodentaire GS et son vocabulaire, 2022"
-"Sortie en forêt, le bilan et le vocabulaire"(2020)
-"Exploitation de la visite d'une ferme pédagogique"(2020) + "Découvrir et exploiter l'univers de la ferme -1- 2024" + "Découvrir et exploiter l'univers de la ferme -2- 2024"
-"Projet Mon corps PS-GS suite" grille d'évaluation des parties du corps + "Améliorer le dessin des visages, MS, P.5"
Les activités physiques :
-"Parcours "enjamber - franchir", jeux collectifs et vocabulaire des activités physiques, P.2 2022"
Grilles d'évaluation de langage PS/MS et GS de Philippe Boisseau format horizontal, en pdf, non modifiable
Grilles d'évaluation de langage PS/MS et GS de Philippe Boisseau format vertical, en pdf, non modifiable
Grilles d'évaluation de langage pour le récit, en pdf, non modifiable